Emilie Škrijelj & Lê Quan Ninh


Le disque : un matériau sonore

Grands collectionneurs de disques, le musicien et la musicienne jouent uniquement des disques vinyles – 33 tours et 45 tours – et des cassettes de leur collection respective. Faisant appel à la mémoire individuelle et à une écoute mutuelle, ils improvisent avec les matériaux et composent en direct, «musicalant» ce qui se passe à l’instant T. Munis de platines et de modules d’effets, ils manipulent l’objet, dans un geste actif, plus proche de celui de l’instrument que de l’ordinateur. Empruntant à toute la palette de l’électronique – scratch, boucle, lecture à l’envers, changement de vitesse, etc, – les deux artistes mixent leur musique et affichent la pochette des disques joués devant les platines.

Disques de musique contemporaine acoustique et électro-acoustique, musique électronique, musique d’improvisation libre, musique expérimentale, free-jazz, poésie sonore sont les principaux ingrédients de leurs mixtures ainsi que quelques disques «documentaires» – comme par exemple un disque de Claude Samuel, producteur et musicologue de France musique et un disque d’Antoine Goléa sur la musique sérielle – ou de théâtre, pour la voix et les « vieilles » voix. Ceci dit, chacun a droit à son «joker» : un disque reconnaissable par toutes et tous.

Les disques joués datent essentiellement des années 50, 60 et 70 puis reprennent à aujourd’hui avec le retour du vinyle.


L’enregistrement : une émotion sonore

Ce DJ Set, c’est aussi partager avec le public l’émotion première devant la magie d’un son qui apparait du fait de l’effleurement d’un microsillon gravé dans du polychlorure de vinyle. De la matière inerte peut naître tout un monde sonore évoquant l’apparition du génie sortant après frottement de la lampe d’Aladin.


photo © LQN

photo © LQN


De John Cage au DJ Set électro

Bien sûr, on pense d’emblée au DJ Set de la musique électronique mais on peut aussi convoquer le souvenir de John Cage qui fut le premier à utiliser le disque comme matériau sonore en 1939 pour Imaginary Landscape no.1 (il s’agissait de deux disques 78 tours de calibrage joués par fragments à différentes vitesses), en 1942 dans Credo in us ou encore en 1951, dans Imaginary Landscape no.5, avec simultanément 42 disques de jazz !


photo © Tom Malmendier

photo © Tom Malmendier



Concert du 17 novembre 2023 au festival Exhibitronic à Strasbourg :